Les sculptures dans le parc de Bonnefoy à Toulouse

Publié le 20 février 2011 par Oui-mais

En été 2010 je suis plusieurs fois allée dans le parc derrière l’espace Bonnefoy à Toulouse. Sur la pelouse sont deux statues qui ont cela de particulier, que dans le dos du personnage qu’on voit, il n’y a pas juste le dos, mais d’autres personnages.
Un jour, voyant la bibliothèque de quartier ouvert, je suis entrée et ai demandé au bibliothécaire s’il connaissait le nom du ou des sculpteurs. Il ne les connaissait pas et était certain qu’au centre culturel et à la mairie annexe on ne le saura pas non plus. Par la suite j’ai pu constaté qu’il avait raison.
Je suis allée à l’office de tourisme qui m’a dit “certains sont de Labatut”. Le “certain” m’a intrigué, d’ailleurs ce n’était pas son style. (Il y a au moins deux sculptures de Labatut dans la ville.)
J’ai cherché dans la bibliothèque, rien. Pourtant les œuvres sur Toulouse et les sculpteurs ne manquent pas. Mais s’il existe un ouvrage avec toutes les fontaines de la ville, il n’y a pas l’équivalent pour les sculptures qu’on trouve un peu partout sur les places et dans les parcs. J’en ai parlé à une bibliothécaire qui ne voyait plus d’autres solutions que d’écrire au conservateur du musée des Augustins. Je l’ai fait par courriel, cela avait l’avantage que je pouvais joindre des photos des œuvres en question.
Je viens de recevoir la réponse du service de documentation du musée avec, en prime, un article de Jean Pierre Suzzoni : Un projet de décoration pour la place du Capitole, paru dans L’Auta, no 12 février 2010.
Voici un résumé
En 1899 la ville veut aménagé la place du Capitole. Il est question d’une fontaine monumentale, puis de groupes de sculptures et, comme pour la décoration de la Salle des Illustres ont fait appel à des artistes toulousains. Dans les années qui suivent le maire change plusieurs fois, des questions financières doivent être réglées, il y a des querelles politiques. Une fois les œuvres exposées, s’y ajoutent des critiques esthétiques. Le projet est finalement abandonné.

Trois des quatre sculptures sont maintenant à l’Espace Bonnefoy
L’Agriculture de Théophile Barreau dans la cour d’entrée
    un personnage féminin représentant la ville de Toulouse tient en main le gouvernail d’une barque, à ses pieds la couronne comtale et le blason de la ville encadrés de palmes. Près d’elle une jeune femme porte dans ses bras une volumineuse gerbe de blé, symbole de prospérité agricole. Aux pieds de cette allégorie, les attributs des arts (sculpture, peinure, musique) et de l’industrie avec ce qui pourrait être le cric servant à manœuvrer les vantelles d’une écluse.

Dans le parc
L’Eau de Jean Carlus (datée 1910)
    La figure féminine, drapée dans une robe légyre et finement plissée das le style 1900, est accompagnée de deux enfants. A son côté, une conque déverse une cascade dans laquelle joe un enfant tandis qu’à l’opposé, une fillette va quérir de l’eau, une cruche à la main.L’allégorie plonge la main droite dans l’eau de la cascade tandis que la main gauche est posée sur tête de bélier enrubannée et fleurie qui émerge du rocher. Cet animal représente le dieu Amon qui avait le pouvoir de faire jaillir une source en frappant le sol de son pied, on lui attribue aussi un pouvoir de protection des troupeaux. Une figure de Triton enfant, autre dieu marin bienveillan mi-omme mi-poisson qui avait le pouvoir d’apaiser les tempêtes, émerge d’une cascade tombant de la conque qu’il soutient.
Commentaire personnel : Avant de lire cette description, j’avais plutôt l’impression que la dame était nue. Le “triton” me fait penser à Gollum de l’œuvre de Tolkien. En ce qui concerne le deuxième enfant ou le bélier .... aller sur place pour vérifier.

Le Faubourg Matabiau de Léo Laporte-Blairsy
    L’œuvre représente le quartier Matabiau. Aux pieds du personnage deux jeunes gens soignent un chien. On y reconnaît les activités de ce faubourg : l’industrie (roue d’engrenage), le maraîchage avec ses légumes (citrouille, chou, artichaut, céleri, salade...) et les activités scientifiques avec l’Observatoire de Jolimont (compas, dessin géométrique, sphère armillaire) et l’Ecole vétérinaire (livre, soins).
Commentaire : La sculpture a besoin d’un sérieux nettoyage.

La quatrième sculpture est elle bien de Jacques Labatut mais ne se trouve pas du tout à Bonnefoy

La Garonne (aussi appelé L Garonne offrant l’énergie électrique à la ville de Toulouse) de Jacques Labatut
se trouve sur une fontaine, rue Boulbonne non loin derrière le Musée des Augustins. La fontaine fut conçu en 1984 par l’architecte Bernard Calley.
Déscription
La ville de Toulouse, assise sur l’arche d’un pont, est représentée par un majestueux personnage féminin vêtu du costume traditionnel, tenant dans sa main droite un gouvernail (?) et de l’autre s’appuyant sur le blason de la ville. Une femme nue aux longs cheveux figure le fleuve qui émerge d’une anfractuosité rocheuse et actionne une roue à aubes.
Et voici une critique de l’œuvre de 1911 reproduit dans ma source :
“Représentez-vous une fillette assise en équilibre comme une amazone sur une demi-arche de pont... La seule expression de son visage est l’étonnement ou la terreur. Une forte femme nue, tr!s tétonnière et à la grosse tête, sort à quatre pattes de cette arche brisée et lève la tête vers la pitchouno. Elle tient à la main une grosse canne de tambour-major, et l’entre dans une fente de rochers, comme un gamin qui sonde avec un paille une tuto de gril. La pomme de cette canne semble destinée par sa forme à devenir l’aù^pime d’une lampe à incandescence, ce qui fera très bien les jours d’illumination.”