La valeur de l’homme dans le capitalisme

Publié le par Oui-mais

Depuis des mois, on nous parle de “la crise”. Parfois j’ai l’impression qu’elle a bon dos.
La semaine dernière, les annonces presque simultanées d’un bénéfice record de Total et l’annonce de vouloir supprimer des centaines d’emplois ont fait des vagues. Pour augmenter le cynisme, certains ont souligné qu’une suppression de poste, n’est pas la même chose que des licenciements. Les chômeurs apprécieront. Pas la peine de postuler chez Total. Les actionnaires et directeurs se mettront tout l’argent gagné dans leurs poches à eux. Un commentateur, je crois que c’était Olivier Duhamel sur France Culture a calculé que la suppression de ces postes représente à peine 0,5% du bénéfice. Où est l’intérêt?

Un concept de management

Je connais un homme, qui pendant très longtemps était cadre supérieur dans une grande entreprise en région parisienne. Aujourd’hui il est à la retraite. Un jour il a raconté que pendant longtemps, lors de rencontres entre responsables d’entreprises différentes on se vantait du nombre de postes de travail créés, à l’époque signe que les affaires marchaient bien. Puis, cela a changé. Maintenant ces même responsables se vantent du nombre de suppressions de poste!

Economie réelle et virtuelle

On nous dit que la crise est le résultat de “titres pourris”. En cause la spéculation. Ce n’est pas tout à fait faux. Mais que se cache derrière ces titres? Je m’explique : si vous achetez des titres de Total ou Kraft votre banque vous remet une publicité qui vous énumère tous les biens de l’entreprise. Vous décidez d’acheter ou non suivant la confiance que vous avez dans l’activité du groupe. Et que se cache derrière les titres pourris, noyés dans des portefeuilles? Finalement, ce n’est pas virtuel du tout. Mais, on ne le disait pas aux clients sinon personne n’aurait acheté. On vendait des dettes, des hypothèques surévaluées. On avait vendu des maisons à des Américains qui ne gagnaient pas assez pour pouvoir rembourser leur emprunts.
Et c’est ici que la logique de Total et les autres multinationales rentrent en collision avec leur désir de vendre des biens et service.

La quadrature du cercle

Soyons logique :
  • Total et les autres veulent faire de l’argent en payant le moins de salariés possible.
  • Pour faire de l’argent, il faut vendre les produits fabriqués : voitures, essence, surgelés, etc.
  • Pour acheter ces produits le consommateur a besoin d’argent
  • Pour avoir de l’argent il faut travailler. (Quelque part, dans le subconscient de certains politiciens et dirigeants du MEDEF il y a encore l’idée malthusien “celui qui ne travaille pas n’a pas besoin de manger”)
  • Mais les humains gênent dans la production, donc évitons d’embaucher
  • Pas d’embauche, donc chômage, et pas d’argent pour consommer
  • L’idée “lumineuse” vendons des crédits aux consommateurs qui en réalité ne gagnent pas assez pour consommer. D’abords on gagne beaucoup d’argent avec les intérêts élevés de ces crédits, puis on gagne encore un peu plus avec les pénalités en cas de rejet de chèques et prélèvements. Et quand, il n’y a vraiment plus rien à faire, on envoie l’huissier pour saisir tous les biens restant. C’est à ce point que la machine c’est emballée. Le nombre de biens saisis devenait tellement importants, qu’il n’était plus possible pour les banques de les revendre avec un bénéfice.
  • Conclusion : On pourrait dire “bien fait pour les banques”, si ce n’était que, tout le monde trinque, et que je soupçonne que les responsables vont s’en tirer mieux que les autres. Au niveau national et international rien ne change dans les discours. C’est la crise, on est “obligé” de licencier. Mais, cher consommateur, il faut absolument consommer plus pour nous sortir de la crise.
Logique  ?

Les souvenirs très sélectifs des grandes entreprises, un cas historique

On ne doit jamais prendre pour argent comptant ce que les grandes entreprises racontent. Je me rappelle le cas de la ville de Duisbourg en Allemagne. C’est une ville ouvrière qui est devenu prospère avec du charbon et de l’acier. Jusqu’au jour ou les deux ont décliné. Au début des années 1980 le chômage y augmentait de façon de plus en plus inquiétant. Thyssen et compagnie, disaient qu’ils n’y pouvaient rien. Le problème serait dû à l'absence d’autres industries qui avaient préféré construire leurs usines ailleurs. Sauf que, détail négligeable, qu’ils n'avouaient pas, aucune grande entreprise pouvait acquérir les terrains nécessaires à la construction d’une usine. En effet, les propriétaires des friches ne voulaient pas vendre, c’était Thyssen & co. Main basse sur une ville entière. Contrôle absolue sur la main d’œuvre, - qu’on jette après usage.


Publié dans Archives 2009

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