A la recherche de l'emploi perdu ….

Publié le par Oui-mais

La situation sur le marché du travail en France ne s'améliore pas. Actuellement il y a 3 509 800 de chômeurs (catégorie A) soit 4,9 % de plus qu'il y a un an et le nombre de personnes ne travaillant que quelques heures par mois ne cesse d'augmenter, plus 6,7 % en un an (source).

Comme il y a beaucoup de jeunes sans emploi et beaucoup de personnes au-dessus de 50 ans on peut en plus constater une concurrence entre jeunes et « vieux » (et on est vieux de plus en plus jeune). Au lieu de parler en termes généraux, cette fois-ci je prendrai l'exemple de ma famille. Nous avons le père, la mère et les quatre enfants adultes tous avec des formations qualifiantes. Mais pour l'instant une seule personne a un emploi stable. J'ai envie de relativiser.

C'est un CDI jusqu'au prochain appel d'offre de la boite qui sous-traite certains services. C'est déjà arrivé. Dans ce cas l'employé à le choix : rester chez l'employeur qui vient de perdre le marché, et donc se trouver au chômage quelques mois plus tard, ou signer chez le nouveau prestataire et perdre tous les acquis sociaux de l'ancienne entreprise et bien sûr l'ancienneté. En parlant de cette situation on m'a parlé d'un homme qui assure la sécurité d'un lieu depuis vingt ans et qui n'a aucune ancienneté de poste, car son employeur nominatif change tous les deux ou trois ans ! (Ce n'est pas encore l'Amérique mais cela viendra. Là bas on ne se donne pas la peine de faire des appels d'offres, la boite change de nom et fait repartir tous les contrats de travail à zéro.)

Deux des enfants ont perdu leur emplois suite à des délocalisations. L'une des entreprises est partie en Espagne, on pouvait suivre, mais sans aucune garantie d'obtenir plus qu'un contrat à durée déterminée – autant rester où l'on est. L'autre entreprise est allée en Pologne où l'on gagne qu'un cinquième du salaire de la France.

Le quatrième jeune travaille dans la restauration. Il semble qu'il y a du travail. Reste à savoir où. Sur cinquante candidatures il a eu trois ou quatre réponses négatives. Il y a des restaurants qui veulent bien embaucher mais le banquier s'y oppose. Avec le recul il faut dire que le banquier avaient les bonnes informations. La situation dans l'hôtellerie/restauration s'est dégradé en 2014 avec 8000 faillites d'entreprises.

Il y a bien des offres d'emploi pour des cuisiniers, mais on peut se poser des questions quant à la réalité de certaines offres. Surtout si on a déjà vu deux fois le responsable, qui prend chaque fois le CV, ne rappelle jamais, et remet l'offre sur le site deux ou trois semaines plus tard. Reste l'intérim dans l'agro-alimentaire. Au moins il y a de l'argent qui rentre. Surtout si on a épuisé ses droits au chômage et a encore été radié de manière arbitraire par Pôle emploi avec le motif de « ne pas avoir la mentalité de la recherche d'emploi ». (Je ne sais pas ce que c'est cette mentalité là.) Si on n'est pas inscrit à Pôle emploi on ne peut pas non plus demander le RSA.

Et pourquoi y a-t-il des emplois à l'usine ? En partie parce que plusieurs personnes sont en arrêt maladie pour cause de maladie professionnelle. A force de faire des mouvements répétitifs les articulations (entre autres) sont usées. Il faut passer par la médecine du travail, puis reconnaissance comme travailleur handicapé, puis probablement licenciement si l'usine ne peut pas proposer de poste adaptée.

Cela nous mène au père de famille qui est justement un des travailleurs handicapés avec interdiction de retourner dans son métier. Cela limite énormément les possibilités. Après trois ans dans un emploi aidé, il est au chômage depuis deux ans et touche l'allocation spécifique de solidarité. Assez démoralisé il commençait à tenir des propos tellement défaitistes à sa conseillère cap emploi qu'il fallait le mettre en garde contre une radiation. Alors il fait semblant d'être optimiste et accepte qu'elle propose son cv à des employeurs communaux même assez éloignés – de toute façon vu le nombre de chômeurs dans la même situation la chance d'être embauché est proche de zéro. Comme il y a parfois des offres pour des chauffeurs poids lourd, il a eu l'idée de demander de faire la formation pour revalider son permis poids lourd périmée. Très mauvaise idée ! Sa conseillère a refusé nette de faire les démarches. D'après elle chaque fois qu'elle faisait la demande pour un chômeur de 58 ans ou plus la demande de formation était refusée.

On nous parle de la nécessité de se former toute sa vie, de chercher un emploi jusqu'au jour du départ à la retraite, mais si on veut faire une formation autre qu'une « formation de remotivation » on est trop vieux.

La mère de famille a actuellement un emploi aidé, en plus un emploi intéressant. Et avec un peu de chance l'employeur pourra maintenir l'emploi.

Les possibilités de retrouver un autre emploi seraient minces, car les compétences autour de l'informatique et internet ne sont pas dûment validées par un diplôme avec titre ronflant, en plus il y a le handicap de l'âge et du sexe. Pour être compétent dans ce domaine il faut être jeune et un homme.

Les derniers statistiques de l'INSEE n'augmentent pas mon optimisme. L'âge médiane des personnes ayant un emploi aidé : suivant les postes entre 29 et 35 ans. (J'avais d'ailleurs fait une candidature pour un poste d'accueil en informatique où l'on cherchait une personne avec expérience et finalement l'employeur a reformulé l'offre pour en faire un emploi d'avenir – et a pris un(e) jeune sans aucune expérience.)

57,8 % des femmes de plus de 50 ans au chômage le sont depuis plus d'un an, le chiffre pour les hommes n'est pas plus brillant 55,2 % (chiffres 2013).

20 avril 2015

Publié dans Travail

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